Suite à un séjour de quelques semaines à l’Hospice d’Arles, Vincent pensait pouvoir regagner sa maison jaune. Une trentaine d’habitants du quartier protestèrent formellement contre sa présence. Après avoir envisagé de s’engager dans la Légion Etrangère, Vincent accepta un accord avec une maison de santé,
Saint-Paul de Mausole à Saint-Rémy de Provence, où il put bénéficier du gîte, du couvert et de soins, tout en continuant à peindre.
Vincent occupait deux chambres : une chambre à coucher et une autre pour sa peinture. En dehors de quelques crises spectaculaires, qui l’empêchèrent temporairement de peindre, il y passa une année féconde. Il peignit les oliviers, les champs, les collines, le parc… tout en se plaignant de la mauvaise nourriture de l’établissement.
Parallèlement, l’œuvre de Vincent commença à faire parler d’elle. Les tableaux d’Arles, envoyés à Theo et montrés à l’occasion d’expositions collectives, provoquèrent l’admiration de ses pairs et de la critique. Claude Monet, entre autres, glissa à Theo que son frère était le meilleur parmi la dernière génération d’impressionnistes.
Petit à petit, la renommée de Van Gogh s’installa, même si les ventes se faisaient attendre. Au début de 1890, dans le Mercure de France, Albert Aurier écrivit un article long, fouillé et extrêmement laudatif sur l’art de Vincent. Il le qualifiait de génie, et le comparait aux vieux maîtres hollandais du 17e siècle.
Vincent, qui n’avait pas anticipé une reconnaissance aussi spectaculaire, fut sous le choc. Il protesta formellement contre les propos d’Aurier, qu’il trouvait exagérés, sans pour autant les réfuter. Il en tira beaucoup d’énergie, et le besoin de changer d’air se fit bientôt pressant. Il quitta Saint-Rémy de Provence à la première occasion et retourna vers le Nord, où il pensait pouvoir appliquer les leçons tirées de sa confrontation avec les lumières du Sud.
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